Racine du Kung-Fu

Introduction

 

Tout art martial porte la marque d'une culture. Ainsi chaque technique de Kung-fu, jusqu'au mouvement le plus insignifiant, jusqu'à la moindre posture, possède un sens profond, qui échappe au pratiquant non familiarisé avec la pensée chinoise.
Il faut donc chercher la démarche spirituelle qui préside elle-même à toute action de Kung-fu

 

 

Philosophie

 

Elles reposent sur les concepts de Tao, de Yin et de Yang, sur les diagrammes (Kua) ainsi que sur l'art du Nei-dan (la voie de l'alchimie intérieure) et sont le fondement même des styles "internes", tout en se retrouvant, mais à un degré plus difficile à cerner, dans les styles "externes".

 

 

Mentale

 

- QUIÉTUDE: un esprit agité déforme la réalité et perd tout contrôle sur le corps. l'inquiétude ronge le corps, la peur le tétanise, la colère provoque une dépense énergétique inutile, la suffisance rend imprudent. pour être efficace, une pensée doit rester clair, non agitée par des passions perturbatrices.

- SPONTANÉITÉ: elle n'est possible que s'il y a maîtrise de l'esprit en n'importe quelle circonstance. C'est la base de l’efficacité d'un geste. Elle n'est possible que si l'on y est correctement préparé: l'esprit doit se "vider" de toute perception inutile. C'est une application du principe de non agir ( Wou-wei), très présent dans le Nei-chia.

 

- RÉCEPTIVITÉ: Un individu capable de déceler les intentions d’autrui avant même qu'elles ne connaissent un début d'exécution d'un "sixième sens" ou d'un "troisième œil".

 

Leur combinaison constitue ce que l'on appelle la maîtrise de soi ou l'unité de volonté et d'action qui permet de dominer l'adversaire en se dominant soit-même.

 

 

Physique

 L'entrainement au Kung-fu agit sur plusieurs plans

 

- Disponibilité et contrôle de l’énergie:

Par la pratique de types d' exercices mettant en jeu des groupes musculaires adéquats, il mobilise l'énergie profond du pratiquant. Il s'agit de faire monter à la surface, très intensément et instantanément, la totalité de l'énergie qui peut être contenue dans le corps. Il s'agit évidement de la force naturelle du corps, il est possible de la développer jusqu'à un certain point grâce à un entraînement approprié.

- Par l'apprentissage des techniques proprement dites, il vise à concentrer cette énergie mise en route, et à la canaliser correctement. La concentration de l'énergie, qui fait que l'on peut utiliser son corps avec un maximum, suppose également sa concentration dans le temps (vitesse d'exécution) et dans l'espace ( aboutissement et maintien de cette force dans des surfaces de frappe précises et réduites, grâce à l'usage des armes naturelles du corps de réaction).

- Transmission d'énergie: l'ensemble de la force frappante ainsi mobilisée dans le poing ou le pied lancé en direction de l'adversaire doit passer dans le corps de celui-ci, à travers le point d'impact choisi (les points vitaux dans un futur chapitre), se convertit, lors de son arrêt brutal à l'impact, en une onde de choc destructrice. Un contact très bref, mais intense, conjuguant une mobilisation efficace des forces corporelles avec une concentration mental (esprit de décision ou volonté de vaincre). C'est l'explosion finale d'une énergie physique et mental concentrée en un point et parvenue à son paroxysme.qui est parfois accompagnée d'un cri du combattant, bref et intense, qui facilite encore cette "décharge"avec expiration brève. Cet effet s'obtient en stoppant net le coup à l'impact par une nouvelle contraction du corps, ce qui suppose sa stabilité à tout moment (position).

- Positions: L'efficacité du geste, que ce soit en attaque ou en défense, dépend en grande partie de la position adoptée à cet effet par le corps, les positions permettent de canaliser dans une direction donnée toute la force du corps, elles assurent des points d'appui stables, indispensables pour maintenir la concentration de l’énergie lors de l'impact du coup.

- Utilisation de la force de réaction: On sait, loi physique, que toute action entraîne une réaction de force égale et s’exerçant en sens inverse, en Kung-fu, l’effet recherché à chaque échange de coup est le même: lors de chaque impact le corps tout entier doit se raidir pendant un laps de temps très court, afin non seulement d'encaisser sans mal l'onde de choc en retour provoquée par la violence du choc, mais aussi de la renvoyer dans la direction d'où elle vient.

- Utilisation de la force abdominale: Toutes les disciplines martiales et toutes les philosophies orientales insistent sur la nécessité de prendre conscience du  point Tan-tien (la mer du souffle).Cette prise de conscience peut s'effectuer à deux niveaux : au niveau musculaire, qui est celui du débutant, puis à un niveau plus viscéral, interne, qui est celui de l'expert. Le premier niveau vise à développer chez le pratiquant un ventre fort, abaissant le centre de gravité du corps, ce qui accroît sa stabilité, et donnant aux techniques de main et de pied une assise autrement plus importante que si elles étaient exécutées des seuls muscles des bras ou des jambes, les muscles abdominaux sont très puissants.
C'est pourquoi on dira qu'il faut d'abord donner un coup "avec le ventre" et accessoirement avec le bras ou la jambe.....
Le second niveau rejoint l'enseignement des styles "internes" à savoir qu'il existe au centre "vitale" de l'Homme une source d' énergie insoupçonnée et inépuisable puisqu'elle est directement reliée aux forces latentes de l'univers.

- Vitesse: Rien ne sert de connaître les techniques ni même d'en entrevoir instantanément les possibilités d'application si leur temps d'exécution est trop long, la technique devant idéalement aboutir à l'instant même ou l'esprit la conçoit. Le chinois a une image: la contre attaque doit commencer après l'action de l’agresseur, mais se terminer avant elle.

- Force et souplesse: Un combattant doit être capable, selon l'opportunité de mettre l'accent sur la force, capable de "casser" une attaque adverse ou la préférence à des techniques de souplesse (esquive).  En Kung-fu, par exemple, on appelle Gong la force brute, et Yau la force élastique. Lorsque l'adversaire attaque en force, il faut lui opposer la souplesse, mais lorsqu’il évolue avec souplesse, il est possible de mettre fin au combat par l'intervention opportune d'une technique de puissance le prenant au dépourvu.

- Respiration: Le corps passe successivement par des phases de forces et de faiblesse, selon le temps respiratoire, lorsque l'on inspire, les muscles se décontractent et l'on se sent léger, au contraire, lorsque  l'on expire ou que l'on bloque la respiration, les muscles peuvent se contracter et il redevient possible d'exécuter une action forte. La respiration doit, dans ses deux phases, être abdominale.

- Équilibre et Rythme: L'équilibre du corps, aussi bien en déplacement qu'en attitude statique, est une condition indispensable au bon contrôle de l'énergie transmise dans une technique. En cas de faiblesse, la force transmise dans un coup de poing ou de pied se disperse et le coup frappé n'agit plus que superficiellement. Le rythme (rythme respiratoire "temps" d'application d'une technique, succession de mouvements) est un principe encore plus délicat à saisir. Vitesse ne veut pas dire précipitation.... Toutes les techniques de Kung-fu ne sont pas exécutées avec une vitesse rapide ou constante.... Le rythme est l’application du principe fondamental, pour chaque technique, aussi bien en attaque qu'en défense, un "temps" optimal, très limité en durée, pour qu' une application soit vraiment efficace.

 

 

Proverbe chinois

"L'archer est un modèle pour le sage; quand il a manqué le centre de la cible, il s'en prend à lui-même."

 

Ecrit par Dominique le 15 et 20/07/2011

Edité par Laurent le 29/06/2016