L’histoire de Shaolin

La naissance du Kung-Fu

 

Tout a commencé quand la Chine fut l’un des berceaux de l’humanité. Comme tout peuple des conflits entre les tribus, clans, ethnies se développèrent. L’art de la guerre se développa donc très tôt, la culture chinoise a toujours considéré ce qui a trait au armes  et à la guerre comme des manifestations de barbarie dont l’individu civilisé n’avait que faire.

 
Comme il n’était pas possible de s’en passer tout à fait, la culture chinoise « civilisa » la chose guerrière, pour l’ériger en art.
Le raffinement extrême de l’art martial  chinois prit sur le plan individuel, tout en imprégnant les lois naturelles qui régissent les êtres et les choses de la création qui respire le naturel et le bon sens.

 

 

 

L’observation attentive du royaume animal et du monde végétal et minéral fut une source d’inspiration unique pour le Kung-fu.
Pouvait-il en résulter méthode de combat plus naturelle, plus véridique, plus éprouvée, et plus efficace?
Le Kung-fu ne s’est pas fait en un jour, révélé par (un génie, un sage dans les secrets des dieux, un ermite descendu de sa montagne après avoir eu  la révélation de l’art au cours d’un songe providentiel, etc…..) (rire), ceci c’est la légende.

 

 
L’histoire authentique, pour autant qu’il soit possible de procéder par recoupements des archives (rares) ou des traditions orales.
Les divers styles de Kung-fu est autrement plus complexe, cela prouve aussi de par son ancienneté, que la Chine fut la véritable « MÈRE »  des arts martiaux et que des techniques colportées par le Japon à travers le monde entier, telle que le karaté, le judo, le jui-jitsu, n’en sont que des descendants lointains.

 

 

 

Légendes

 

La première mention d’une véritable technique de combat remonte à près de 5000 ans c’était sous forme de la lutte du chiao-ti. 2000 ans plus tard on trouve les traces certaines d’une lutte déjà très codifiée le Go-ti.
On peut considérer ces 2 styles de lutte comme une création collective, le nom actuel de cette lutte est le Shuai-chiao assez proche du judo japonais. Toutefois certains experts chinois n’hésitent pas à faire savoir que le sanda dans sa forme sportive actuelle serait un ancêtre de ses formes.

 
Après le retour des Ming (1368-1644) la technique de la lutte se raffina et devint plus scientifique et plus rapide. elle allait enfin naître le Lung-hua-chan, ensemble de prises très élaborées pour le corps à corps.Ancêtre du jiu-jitsu et du judo nippons.

 

 

 

 

Moines, Lao Tseu

 

Les premières techniques de combat avec ou sans armes, tel que (chi-chi, wu-ni, kuo-shu), furent longtemps l’apanage la caste guerrière.  Il est fort possible que certains de ses membres, séduits par la nouvelle sagesse de Taoïsme exposée par LAO TSEU (Loa Zi) se mirent à rejoindre les communautés religieuses pour y vivre la vie paisible et méditative des moines, même si aucuns d’eux ne voulaient entrer en religion.

 
A partir du développement du Taoïsme circulent les premier bruits concernant des moines habiles au combat.
Les experts venus de l’extérieur furent marqués par la philosophie ainsi que les techniques de concentrations, alors que les moines intégrèrent certaines techniques de boxes à leur activités quotidiennes, pour êtres moins vulnérables face aux bandits de grands chemins.
D’autre part parce que ces techniques de boxe, à condition d’être conçues d’une certaine manière et dans un esprit différent, pouvaient aider à maîtriser plus complètement le corps et placer l’individu dans des conditions idéales pour sa progression spirituelle.

 
dans les deux sens, les techniques individuelles de combat vont s’imprégner de concepts philosophiques a base taoïste que toutes les méthodes ultérieures, dûment reconnues celles-là, vont reprendre,et ce jusqu’à la forme actuelle du kung-fu.
Des hommes de l’époque, l’une cherchant à la doter d’une arme de mort, l’autre à les élever spirituellement et à en faire des apôtres de la paix et de l’harmonie universelle. Le passage de BODHI DHARMA à Shaolin s’inscrit dans ce contexte.

 

 

 

 

Bodhidharma, l’influence Bouddhiste Chan

 

Trois siècles plus tard un nouveau pas, décisif celui-là, est franchi dans l’approfondissement et la diffusion des techniques de combat. Le cadre en est le monastère de Shaolin, dont le nom restera indissolublement lié au kung-fu.
Venu de l’Inde depuis le milieu du 1er siècle de notre ère, par la route de Luoyang, c’est de cette route que vint, vers 525 après J.C, un moine indien du nom de Da Mo et qui sera honoré après sa mort à travers l’empire du milieu sous le nom de Bodhidharma (l’illuminé).

 

 

Qui est Bodhidharma ?

 

 

Il aurait été le 3 e enfant du roi Sugandha, donc membre de la caste des guerriers. Si ceci est vrai, il est probable qu’il connut les techniques de maniement
d’armes ( l’art du Vajramukti).
Après avoir traversé le fleuve Chang-jiang (Yang-tsé) il arriva à Shaolin, ou il demanda asile auprès des Dao-jen (les premiers moines bouddhistes chinois).
Da Mo se retira à l »extérieur de l’enceinte du monastère, dans une petite grotte  près d’un sommet dit « des 5 mamelons ».
Avide de silence et de paix, le sage s’accroupit face à un « mur » et s’abima dans une méditation profonde.
A partir de cette attitude, va se forger tout un corps de légendes, Da Mo aurait médité sans discontinuer pendant 9
années entières.

 
Da Mo est considéré comme le précurseur de bouddhisme « Chan » , signifiant concentration,méditation sans objet intellectuel. ( Les japonais en feront le bouddhisme « Zen »), qui tend à ouvrir en l’Homme cette sorte de troisième « il »
Sur un plan martial, il trouva à Shaolin, des moines émaciés et affaiblis par de trop longues séances de méditation, devenus de ce incapables de ce concentrer vraiment; les voyant en si triste état, le moine indien les intéressa à des exercices physiques destinés avant tout à leur redonner de la vigueur, il dû proposer une adaptation de mouvement de Hatha Yoga, dont les postures (asanas) entretiennent la vitalité.
Bodhidharma  fit une classification des exercices des « 18 mains de Lo Han » ,méthode également connue sous le nom de I-chin-ching.
qui lui parurent les plus aptes à résoudre son problème.

 
Par contre il met au point dans les dernières années de sa vie une série d’exercices thérapeutiques destinés à tonifier le corps des moines faméliques; d’après de très anciennes estampes qui ont été conservées, on voit qu’il pouvait s’agir que de mouvements gymniques de très faible amplitude et mettant essentiellement l’accent sur les techniques respiratoires ( CHI-GONG ou QI-GONG) (voir dossier chi-gong).
En affirmant que corps et esprit sont des notions indivisibles et que la vérité ultime, c’est a dire l’illumination soudaine apportant au sage la vrai connaissance et la paix de l’âme.
Le moine indien donna un nouveau sens aux arts martiaux dès lors considérés  comme un moyen d’arriver à une stricte discipline du corps à travers des exercices physiques pénibles.Les moines de Shaolin cherchaient à purifier leur esprit; Bodhidharma leur apprit comment y parvenir sans faire abstraction du corps.

 
C’est le début d’une théorie qui fera son chemin, à la base de tout Nei-Chia ( les systèmes internes « de boxe »).
« LA MÉDITATION EN ACTIVITÉ VAUT DIX, CENT, MILLE FOIS MIEUX QUE LA MÉDITATION AU REPOS ».
L’art martial se trouve ainsi pour la première fois défini comme un moyen pour arriver à un état d’esprit.
La doctrine de Da Mo est un fondement de toute première importance pour l’évolution ultérieure des arts martiaux.

C’est le Shaolin du Henan, qui est au centre du développement des arts martiaux en Chine, c’est bien là qu’est née une combinaison probablement unique dans l’histoire des arts guerriers qui, par une sorte d’effet de cataclysme, a abouti à un kung fu particulièrement attrayant, prônant l’union du physique et du mental.

Ce qui en fait un lieu nimbé de mystère, d’où sont partis nombre de légendes de moines invincibles, de héros et de saints qui auraient porté leur technique aux quatre coins de l’empire.

 

 

 

 

Les Moines de Shaolin entre dans la légende

 

Leur histoire a commencer il y à 15 siècles on trouve plusieurs toponymes de « SHAOLIN » qui signifie simplement « Jeune forêt ». En se référant au documents les plus sérieux on trouve au moins cinq Shaolin dans l’histoire, dont trois qui furent importants et célèbres.
Le plus fameux, celui qui par décision impériale l’honneur de s’intituler « Premier monastère sous le ciel » (Shi Yi  Tien) se trouve en Chine Centrale, dans la province du Henan.
le premier Shaolin fut construit en l’an 495 sur le piémont ouest des Songshan, au pied de Shaoshi. entre 1200 et 1368, sous les yuan, les terribles invasions mongoles apportent des éléments nouveaux aux techniques de combats connues jusqu’alors en Chine.

 
Il en résulte le lung-hua-chan (prise) et le chin-na (ou Qi-na: clés de bras), ancêtres du jiu-jitsu japonais.
Il faut passer à la seconde moitié du XVI siècle pour retrouver une trace précise dans l’histoire du kung-fu; celle du Chueh Yuan, jeune moine de Shaolin.
Sa passion pour les arts martiaux et sa ferveur pour le souvenir du saint Da Mo (voir chapitre ci-dessus), sauvèrent le vieux monastère d’un laisser- aller coupable.
La grandeur de l’époque des premiers disciples de Bodhidharma, progressant avec force sur la « Voie » apportée par le moine indien, le jeune homme compila de lui même, dans un premier temps, les vieilles techniques du kung-fu encore à peu près connues, dix siècles après la célèbre disparition du patriarche, il en trouva 72. Mais, toujours insatisfait, Chueh Yuan décida d’aller chercher ailleurs de quoi étoffer ces vestiges, afin de régénérer la puissance proverbiale, du Shaolin.
IL voyagea donc beaucoup. Jusqu’au jour où, loin dans le sud du pays, après un périple de plus d’un millier de kilomètres, il rencontre 2 hommes véritablement passés maîtres dans l’art du kung-fu : Pai Yu-feng et Li-Chieng.

 
Naquit un nouveau kung-fu composé de 170 mouvements, répartis en cinq styles, du tigre, du serpent, du léopard, de la grue et du dragon.
Chueh Yuan retourna par la suite au Shaolin et fit profiter les moines de sa nouvelle science. De ce jour, et très rapidement, ceux-ci acquirent une réputation d’invincibilité qui fit connaître Shaolin au-delà des frontières du Henan.
Ce qui lui avait rapporté Chueh Yuan constitua la bases de tous les styles dits « EXTERNES » de kung-fu (Wai-Chia) qui allaient être plus largement popularisés que les styles « INTERNES » plus hermétiques (Nei-Chia).

 
C’est la première codification technique sérieuse, qui restera à jamais la base du Shaolin-Chuan, la boxe du Shaolin.
On appellera cette méthode Wu-hsing-chuan, »le poing des cinq formes », car basée sur l’observation de 5 animaux représentatifs d’éléments fondamentaux pour la pratique de l’art martial et qui vont prendre place dans la synthèse.
Le travail de ces 3 hommes restera d’une importance inégalée par la suite, ils répondaient à trois motivations profondes:

1- L’homme a beaucoup à apprendre de la nature; en calquant ses mouvements sur ceux des animaux, il retrouve un naturel perdu depuis le temps où l’homme civilisé est régi par sa seule intelligence. en redevenant naturel, non seulement il redevient plus efficace, mais il a davantage de chance de communier avec les forces cosmiques.

2- Chaque animal est particulièrement efficace dans certains domaines propres; – l’ours a la force, – le léopard la détente, – le dragon la vivacité, etc….
Il faut s’inspirer de toutes ces qualités. On retrouve l’idée primitive de Hua To.

3- Chaque forme prise à un animal en particulier doit développer l’une des cinq essences fondamentales de l’homme.
Le ton était définitivement donné.

 
D’autres hommes vont par la suite s’inspirer de l’observation du singe, du lapin, du cheval, de la mante religieuse, etc……
Ils ont repris les éléments très épars du passé, combinant d’ailleurs des formes prises au « système externe » (utilisation de la force musculaire) et au « système interne »(utilisation de l’énergie interne mobilisée grâce à des techniques de respiration et de méditation).
Pour le Kung-fu, c’est une « nouvelle donne », pour Shaolin, c’est l’assurance d’une notoriété à nouveau méritée. A nouveau les moines-guerriers du Shaolin seront respectés à travers l’empire du dragon.
Au cours des deux siècles suivants, le monastère devint un véritable centre d’entrainement aux arts martiaux, réputé dans la Chine toute entière pour la prouesse de ses experts. A partir de la seconde moitié du XVII siècle, l’expert formé a Shaolin faisait autorité dans le monde des arts martiaux.
La légende raconte que, pour être digne du titre d’expert, le postulant devait affronter, a l’issue de longues années d’initiation, un « couloir de la mort », véritable labyrinthe creusé dans le roc, parsemé d’embûches et de pièges de toutes sortes; s’il en réchappait, il se marquait lui-même au fer rouge en soulevant à bras-le-corps une urne de fer brûlante qui imprimait sur ses avants-bras le double sceau prestigieux du Shaolin, le DRAGON et le TIGRE.

 

 

Proverbe chinois

« Pour connaître la route devant toi, demande à ceux qui en reviennent. »

 

 

Ecrit par Dominique du 8 au 14/07/2011

Edité par Laurent le 29/06/2016